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Au mois de novembre 1940, Kersten accompagna Himmler à Salzbourg. Une grande conférence y réunissait Hitler et Mussolini, Ribbentrop et Ciano.
Kersten eut beaucoup de travail. Il continuait à s’occuper de Himmler. Il donnait des soins à son vieil ami Ciano. Enfin, Ribbentrop demanda à Kersten de le traiter.
Ciano profita de cette rencontre avec Himmler pour lui demander de nouveau qu’il laissât aller Kersten à Rome. Il fut appuyé par Ribbentrop, qui devait poursuivre les négociations dans la capitale italienne. Devant les deux ministres des Affaires étrangères de l’Axe, Himmler dut s’incliner.
Kersten resta deux semaines à Rome. Pendant ce séjour, Ciano donna un grand dîner en son honneur et le décora, au nom du roi, du grade de Commandeur dans l’Ordre de Maurice et Lazare, l’un des plus enviés d’Italie, car il était aussi ancien que la Toison d’or.
Aucun des Allemands de la suite de Ribbentrop n’en fut jugé digne. Les distinctions qu’ils reçurent étaient de bien moindre valeur. Ils acceptèrent mal cette préférence accordée à un civil, à un neutre, sur eux, les alliés, les militaires, les nazis.
Quand Kersten revint à Berlin, les premières paroles de Himmler en le voyant eurent trait à sa décoration :
— Vous vous êtes fait par là de nouveaux ennemis, dit-il rudement. Comme si, déjà, vous n’en aviez pas assez !
Alors, Kersten, à qui son voyage et les plaisirs romains avaient fait oublier les Rauter et les Heydrich, retrouva d’un seul coup le climat sinistre d’où il s’était, pour quelques jours, évadé.
On était à la fin de décembre. Il partit fêter Noël et le Nouvel An à Hartzwalde.